Les Prémontrés
Armoiries de Prémontré (réfectoire)
Dès les premières années de son existence, Prémontré connaît une expansion à travers toute l’Europe. L’Ordre compte plus de 600 maisons à la fin du XIIIe siècle, principalement en France, dans l’empire Germanique, les Pays Bas, l’Angleterre, l’Ecosse, l’Espagne et en Europe de l’Est. Au début du XVe siècle, les monastères de l’Ordre sont totalement exemptés de l’autorité épiscopale par le pape Alexandre V. A partir de cette époque s’amorce un lent déclin que la mise en commende des charges abbatiales et le surgissement du luthéranisme ne font qu’accentuer. Des réformes sont tentées en France et en Espagne mais n’aboutissent guère durablement. Un lustre recouvré à partir du XVIIe siècle n’endiguera pas les funestes conséquences de la Révolution française mais préparera sans doute lointainement la renaissance de la seconde moitié du XIXe siècle qui partira principalement de la Belgique et de l’Europe centrale. La vie prémontrée se répandra ensuite peu à peu vers les cinq continents dans le courant du XXe siècle.
Les prémontrés et prémontrées sont aujourd’hui 1000.
Cependant, les Prémontrés ne sont qu’une partie (majoritaire) des chanoines réguliers. Avec d’autres accents on trouve aussi les congrégations de chanoines du Latran, du Grand Saint-Bernard, de Saint-Maurice d’Agaune, de Saint-Victor, de l’Immaculée Conception, de Marie Mère du Rédempteur de Windesheim, toutes réunies dans la confédération des Chanoines réguliers de Saint-Augustin. D’autres communautés sont proches de notre idéal sans en porter le nom.
De quoi vivent les Prémontrés aujourd’hui ? Et comment ? Les différentes communautés ont été obligées (comme jadis !) de créer et d’exploiter une petite industrie (P.M.E.) pour « gagner leur vie ». Imprimerie (Averbode, Tongerlo, Berne) ; ferme (Kinshasa, Irlande, Postel) ; fromagerie (Postel) ; école (Averbode, Berne, USA, Australie) ; accord avec une brasserie (Tongerlo, Postel, Park, Leffe, Grimbergen) ; maison de retraite et hôtellerie (presque partout) ; observatoire astronomique (« Mira », Grimbergen) ; reliure d’art (Oosterhout) ; forêt (Schlägl, Geras, Slovaquie) ; pèlerinage (Conques)...
Les abbayes prémontrées
Quelques mots de vocabulaires indiqués par l’astérisque* sont expliqués ci-dessous.
Pays | Abbaye | Commentaire |
Belgique |
Averbode |
Site de la plus grande abbaye de la circarie* du Brabant |
Belgique |
Grimbergen |
Abbaye de la circarie* du Brabant |
Belgique |
Parc |
Abbaye fondée en 1129 dans la région de Leuven |
Belgique |
Postel |
Fondée en 1140, fille de l’abbaye de Floreffe |
Belgique |
Tongerlo |
Abbaye qui nous a refondés au XXe siècle |
Allemagne |
Hamborn |
Abbaye fut fondée en 1136 en Hesse |
Allemagne |
Speinshart |
Prieuré bavarois fondé en 1145, dépendant aujourd’hui de l’abbaye de Windberg |
Allemagne |
Windberg |
Abbaye bavaroise fondée par Prémontré en 1140 et refondée par l’abbaye de Berne en 1923 |
Autriche |
Geras |
Abbaye de la circarie* de langue allemande, fondée en 1153 par l’abbaye de Zeliv (Slovaquie) |
Autriche |
Schlägl |
Abbaye de la circarie* de langue allemande, fondée en 1218 et située dans le diocèse de Linz |
Autriche |
Wilten |
Abbaye autrichienne fondée en 1128 et située dans le diocèse d’Innsbruck |
États-Unis |
Daylesford |
Fondation récente de la canonie* de De Pere |
États-Unis |
De Pere |
Canonie* fondée par Berne en 1898 |
États-Unis |
Orange |
Canonie* Saint-Michel fondée en 1961 |
France |
Frigolet |
Abbaye provençale qui fait partie de la même circarie que Leffe |
France |
Mondaye |
Abbaye normande qui fait partie de la même circarie* que Leffe |
Hongrie |
Csorna |
Abbaye fondée en 1180 |
Pays-Bas |
Berne |
Canonie* fondée en 1134 et appartenant à la circarie* du Brabant |
Tchécoslovaquie |
Strahov |
Abbaye fondée en 1140 sur les hauteurs de Prague et qui abrite le corps de saint Norbert depuis 1627 |
|
Ordre |
Site officiel de l’Ordre des chanoines réguliers de Prémontré |
Canonie
La canonie est constituée d’une abbaye (maison autonome ayant normalement à sa tête un abbé) ou d’un prieuré autonome (ayant à sa tête un prieur) et de ses diverses maisons dépendantes (prieurés, maisons d’études, de formation, collèges ou autres institutions). Le terme s’utilise également pour désigner l’ensemble des membres de l’entité ainsi définie.
Circarie
La circarie était, chez les prémontrés, la région commise aux soins d’un circateur. On dirait aujourd’hui une province commise à la vigilance d’un visiteur ou inspecteur. Le mot provient du latin circumire qui signifie "faire le tour de quelque chose", "faire une tournée" et même en langage militaire "patrouiller". Au départ, il s’agit donc d’une entité géographique, regroupant plusieurs monastères ou prieurés, permettant au circateur de se rendre commodément de l’un à l’autre pour accomplir sa tâche de contrôle au nom du chapitre général.
Comme chez les cisterciens, une abbaye prémontrée en fondait une ou plusieurs autres, ou recevait un monastère voulant s’agréger à l’ordre : s’institua ainsi un système de filiation (une abbaye-mère, une ou plusieurs abbayes-filles, et donc sœurs) qui détermina au tout début les premières circaries. De nos jours, la circarie est plutôt une entité linguistique, parfois encore géographiquement circonscrite, qui correspond à une division plus culturelle qu’administrative de l’ordre. A la tête de chacune d’entre elles se trouve aujourd’hui un vicaire (sorte de lieutenant) désigné par l’abbé général. Sa fonction sert davantage la concertation des initiatives et le développement des rapports fraternels, encore que le rôle d’inspection soit toujours présent : le vicaire fait rapport au général de ce qui se passe et l’assiste dans ses différents contacts locaux, par exemple lors de l’élection d’un abbé.
Actuellement, l’ordre compte 6 circaries :
- la circarie de langue anglaise (abbayes et prieurés d’Angleterre, d’Australie, des Etats-Unis, d’Inde et d’Irlande),
- la circarie de Bohème (ancienne entité géographique regroupant les maisons de Tchéquie et de Slovaquie),
- la circarie du Brabant (ancienne entité géographique comprenant les maisons de Belgique néerlandophone et des Pays-Bas),
- la circarie de langue française (Afrique et Belgique francophones, France),
- la circarie de langue allemande (Allemagne et Autriche) et
- la circarie hongroise (ancienne entité géographique qui unissait autrefois les maisons de Hongrie et de Roumanie).
La circarie comprend ainsi un certain nombre de canonies parfois géographiquement très éloignées, même aussi culturellement (tels les Etats-Unis et l’Inde), bien qu’ayant normalement une langue commune.