10 juillet 2025 -> lien vers l’article
Le nouveau père abbé de Notre-Dame de Leffe dévoile sa vision pour l’avenir de l’abbaye
Quelques jours après son élection, le père abbé Christophe Monsieur partage ses perspectives pour l’abbaye de Leffe et se livre sur son engagement spirituel.
L’évolution dans la continuité
Ému par la confiance de ses frères, le nouveau Père abbé confie avoir été surpris par sa nomination. Malgré un premier effet de surprise, il aborde cette mission de neuf ans avec sérénité et détermination.
L’abbaye de Leffe se prépare à un événement marquant : en 2027, elle célèbrera ses 875 ans d’histoire. « Tout le défi est de mettre en pratique notre charisme et de le rendre fructueux pour l’Eglise et le monde d’aujourd’hui », explique le père abbé.
« Nous allons investir dans la qualité de notre vie communautaire, qui est le noyau de tout ce que nous sommes et nous faisons, dans la qualité de nos vies liturgique et pastorale » précise-t-il.
Une communauté multiple et unie
« Nous sommes des chanoines réguliers, c’est-à-dire une communauté de prêtres qui vivent ensemble sous la règle de saint Augustin. Nous menons une vie monastique dans le monastère, en même temps ouverte sur l’église dans laquelle est insérée l’abbaye. C’est une vie apostolique, tournée vers le service de l’Eglise, qui peut être très varié et riche. » Il reconnaît toutefois la tension entre la vie intérieure et les engagements extérieurs. « C’est un exercice d’équilibre, qui vaut vraiment la peine », affirme-t-il.
Si la renommée de l’abbaye est aussi liée à sa bière, le père abbé y voit un symbole : « Un appel pour que nous ne soyons pas qu’une bière ! Comme communauté, nous voulons rayonner ce que nous sommes. »
La règle de saint Augustin, fondement de leur vie de chanoines, « met l’accent sur la vie commune, sur l’idéal de la première communauté décrite dans les Actes des Apôtres. » Le quotidien des religieux de Leffe est structuré par les offices liturgiques : lectures, laudes, office du milieu du jour, vêpres, complies, et une eucharistie célébrée chaque jour.
Une abbaye ouverte sur le monde
Le père abbé souligne l’importance des rencontres avec les pèlerins – notamment ceux en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle – et les visiteurs, qui enrichissent spirituellement l’abbaye par leur passage, leurs témoignages et le cheminement spirituel dont ils témoignent.
Face aux défis du monde contemporain, il privilégie le dialogue, la réconciliation, le pas que l’on fait l’un vers l’autre : « Nous voulons être une présence qui croit que la force discrète du Royaume de Dieu est plus puissante que la haine, la violence et tout ce qui nous pousse loin les uns des autres. »
Sa devise, Avançons dans la paix, reflète une conviction profonde : la paix est un chemin exigeant. « Elle demande notre engagement et une conversion perpétuelle. Elle ne tombe pas du Ciel ! » Surpris d’avoir été choisi, le père abbé Monsieur se dit sensible à la confiance accordée par ses frères et en paix face à cette nouvelle mission qui durera pas moins de 9 ans.
Julien Bal, d’après Cathobel
1 juillet 2025 -> lien vers l’article

« Ce n’est pas parce qu’on devient père abbé qu’on ne doit plus prier ! », le nouveau père abbé de Leffe se confie
A quelques jours de son élection, le nouveau père abbé de Leffe, Christophe Monsieur, présente sa vision de l’abbaye et de son engagement.
Surpris d’avoir été choisi, le père abbé Monsieur se dit sensible à la confiance accordée par ses frères et en paix face à cette nouvelle mission qui durera pas moins de 9 ans.
L’abbaye de Leffe s’apprête à célébrer un anniversaire important, puisqu’elle fêtera ses 875 ans d’existence en 2027. « Tout le défi est de mettre en pratique notre charisme et de le rendre fructueux pour l’Eglise et le monde d’aujourd’hui », estime le père abbé. « Nous allons investir dans la qualité de notre vie communautaire, qui est le noyau de tout ce que nous sommes et nous faisons, dans la qualité de nos vies liturgique et pastorale. »
Des spécificités complémentaires
« Nous sommes des chanoines réguliers, c’est-à-dire une communauté de prêtres qui vivent ensemble sous la règle de saint Augustin. Nous menons une vie monastique dans le monastère, en même temps ouverte sur l’église dans laquelle est insérée l’abbaye. C’est une vie apostolique, tournée vers le service de l’Eglise, qui peut être très varié et riche. » Et de reconnaître néanmoins la tension entre ces deux réalités que sont la vie intérieure et les services rendus à l’extérieur de l’abbaye. « C’est un exercice d’équilibre, qui vaut vraiment la peine », reconnaît-il. Si l’abbaye est également reconnue pour la qualité de ses breuvages, le nouveau père abbé voit là « un appel pour que nous ne soyons pas qu’une bière ! Comme communauté, nous voulons rayonner ce que nous sommes. »
Concrètement, la règle de saint Augustin « met l’accent sur la vie commune, sur l’idéal de la première communauté décrite dans les Actes des Apôtres. » Et ce sont les célébrations liturgiques qui rythment la vie des chanoines réguliers : office des lectures, laudes, office du milieu du jour, vêpres, complies, avec une eucharistie quotidienne.
Une ouverture au monde pour la paix
Le nouveau père abbé souligne combien la venue régulière de pèlerins – notamment en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle – ou de visiteurs à l’abbaye nourrit et inspire son propre cheminement.
Plutôt que la peur face aux tourments du monde, il prône « le dialogue, la réconciliation, le pas que l’on fait l’un vers l’autre… » Et d’ajouter : « Nous voulons être une présence qui croit que la force discrète du Royaume de Dieu est plus puissante que la haine, la violence et tout ce qui nous pousse loin les uns des autres. » Celui qui s’est choisi pour devise Avançons dans la paix estime que la paix est exigeante. « Elle demande notre engagement et une conversion perpétuelle. Elle ne tombe pas du Ciel ! »
Angélique Tasiaux
9 juillet 2025 -> lien vers l’article


Les moines de l’Abbaye de Leffe viennent d’élire leur nouveau Père Abbé. Il s’appelle Christophe Monsieur, et malgré un nom plutôt singulier, c’est avec sérieux qu’il prend la tête de cette communauté.
Sur l’un des murs du salon des Abbés, à l’abbaye Notre-Dame de Leffe, une toile portera bientôt le visage de Christophe Monsieur. Un nom qui peut prêter à sourire… mais une mission qu’il prend très au sérieux. Ce moine vient d’être élu par ses frères comme nouveau Père Abbé de l’abbaye. Une responsabilité qu’il a acceptée avec humilité et honneur :
« C’est quand même un peu stressant, parce que c’est une responsabilité que je n’ai pas recherchée et qui, tout à coup, m’est confiée. Et en même temps, justement, le fait d’avoir cette confiance donnée par mes frères est quand même, pour moi, un signe, une volonté de vouloir avancer ensemble. »
Une continuité naturelle
Ce religieux, originaire d’Ath, est entré à l’abbaye de Leffe en 2021. Il y occupait jusqu’à présent la fonction de prieur – le second de l’abbé – ainsi que celle de maître des novices. Cette nouvelle responsabilité s’inscrit pour lui dans une continuité naturelle.
« La structure de la vie quotidienne reste la même. Les confrères et les défis restent les mêmes aussi. C’est juste ma position qui change un peu. Je la vois comme être le ferment d’unité entre tous, et je vais chercher à faire avancer ensemble notre petit troupeau. Ça change tout de même un peu dans le quotidien : ça me fait quelques réunions et quelques mails en plus à répondre. Mais à part ça, pour l’instant, c’est encore supportable. »
Un mandat sous le signe de l’ouverture et de l’union
Pour les neuf années à venir, le Père Abbé Christophe Monsieur souhaite placer son mandat sous le signe du vivre-ensemble. Il veut aussi ouvrir davantage la communauté à ceux qui l’entourent, croyants comme non-croyants. Il reconnaît cependant qu’il devra faire face aux défis de notre société moderne :
« Il y a certainement un désenchantement, mais je pense qu’il est plutôt lié à la structure, aux modèles, aux cadres des religions ‘organisées’. Et en même temps, je constate chez beaucoup de personnes, dans des milieux très divers, une grande ouverture à cette recherche intérieure : comment s’épanouir, comment retrouver le contact avec son être le plus profond ? Et je pense que là, le message du Christ a certainement quelque chose à apporter. »
Pour rencontrer le Père Abbé Christophe Monsieur ou découvrir la communauté des frères prémontrés, l’abbaye de Leffe ouvre gratuitement ses portes au grand public tous les week-ends de juillet et d’août à partir de 15h.
16 juillet 2025 -> lien vers l’article


À l’ombre des pierres et des fleurs : deux abbés pour un même souffle
Derrière les hauts murs chargés d’histoire de l’abbaye de Leffe, entre rosiers et hortensias, la communauté des chanoines prémontrés poursuit son chemin, même si une page se tourne. Le père Benoît Carniaux passe le relais à son successeur, le père Christophe Monsieur. Rencontre croisée, entre mémoire fraternelle et espérance active.
Après douze années d’abbatiat, le père Benoît, qui était déjà mobilisé par d’autres responsabilités au Québec, a transmis la charge au père Christophe, élu par ses pairs le 24 juin dernier pour un mandat de neuf ans. Dans cette abbaye prémontrée, dernière communauté de chanoines réguliers de Wallonie, les transmissions se font dans la prière, mais aussi dans la confiance. La communauté compte aujourd’hui douze chanoines, dont huit vivent à l’abbaye. L’élection du père abbé, à bulletin secret a été l’affaire de tous. Le chapitre détermine ensuite la durée du mandat et élit un conseil qui accompagnera le père abbé dans ses décisions.

Une communauté fidèle à sa vocation
Le père Benoît revient avec lucidité sur les années écoulées. Les débuts de son abbatiat ont été marqués par des années de « désert », confrontés à l’absence de nouvelles vocations et à une certaine dispersion qui laminait la vie communautaire : « Chacun était mobilisé dans de multiples activités pastorales, sociales, académiques… La vie communautaire en souffrait. Il fallait redonner du temps à la prière, à la fraternité, au simple fait de partager les repas ensemble. »
Face à ce constat, la communauté a engagé une réflexion de fond sur ses priorités et l’avenir des lieux.
Cyrys : un souffle de responsabilité partagée
Entretemps, la création, en 2017, de la fondation Cyrys, nommée en mémoire du père abbé Cyrille Nys, qui relança la tradition brassicole à Leffe dans les années 1950, a permis de relever la communauté de responsabilités pour lesquelles elle n’avait pas, par elle-même, les moyens de suivi nécessaires. Cyrys incarne un engagement tourné vers le monde, dans l’esprit de Laudato Si’. « L’écologie humaine est notre fil conducteur, explique le père Benoît. Non seulement dans sa dimension environnementale, mais aussi sociale, culturelle, interpersonnelle et spirituelle. »
Cyrys agit à travers sept sphères d’action — le soutien et l’autonomisation des personnes en difficulté, l’environnement, l’économie sociale et solidaire, la préservation du patrimoine naturel et culturel, la qualité de vie, le bien commun et la justice sociale. Elle soutient prioritairement des projets sur Dinant et les communes voisines, tout en initiant ses propres actions.
Une mission qui continue ailleurs
Aujourd’hui déchargé de ses fonctions d’abbé, le père Benoît reste supérieur d’une communauté de prémontrés au Québec et vicaire de l’abbé général pour la circarie francophone (Congo France, Canada et Belgique). Un séjour prolongé outre-Atlantique est déjà prévu pour la fin de l’année. « Peut-être aurai-je enfin un peu de temps pour mes recherches en théologie fondamentale », confie-t-il en souriant.
« Ce qui a inspiré la communauté toutes ces années, c’est la devise du père Benoît ‘je suis abbé pour vous et frère avec vous’, confie le nouveau père abbé. La réflexion commencée sous son abbatiat avec la fondation et sur l’avenir du bâtiment et son ouverture se poursuivra. Des travaux sont à prévoir dans l’abbaye, notamment dans l’hôtellerie pour pourvoir accueillir plus confortablement les pèlerins : « Un abbé accompagne la vie d’une communauté qui est beaucoup plus longue que cet abbatiat … Les choix orientent les 50 ou 100 prochaines années… » rappelle père Christophe
Un nouveau père abbé, enraciné et ouvert au monde
C’est en mars 2021 que le père Christophe Monsieur rejoint l’abbaye de Leffe comme prieur et maître des novices. Né dans une famille flamande à la frontière linguistique, il a exercé dans plusieurs abbayes (Averbode, Bois-Seigneur-Isaac, Frigolet) tout en gardant une mission paroissiale. Il a étudié la liturgie sacramentelle à Paris et participé à diverses commissions de liturgie, de spiritualité et de constitutions, entretenant ainsi des liens étroits avec plusieurs circaries. « Il faut dire que le nouveau père abbé a un don pour les langues, sourit le père Benoît. Il parle couramment 6 langues… et se débrouille même en lingala ! »
« Ce qui me tient à cœur, précise père Christophe, c’est de vivre la communion, concrètement. La langue, le regard, l’écoute… ce sont des gestes d’unité. » Son goût de la rencontre l’a conduit à animer de nombreuses retraites, des formations à la communication non-violente, et à accompagner, comme visiteur canonique, des communautés en Europe et au Congo. Il a également enseigné la liturgie, discipline qu’il affectionne tout particulièrement.
C’est dans cette passion qu’il a puisé sa devise : « Avançons dans la paix », un clin d’œil à la procession liturgique, mais surtout une invitation à marcher ensemble, à ouvrir la vie communautaire au service, avec audace et fraternité : « C’est le diacre qui ouvre la procession. Avancer, c’est s’engager ensemble, dans l’écoute et le service. Pas pour vénérer le musée de nos œuvres passées, mais pour vivre aujourd’hui et demain. »

Visiter, prier, rencontrer
Le nouveau père abbé entend poursuivre les grands axes déjà engagés : renforcer la fraternité communautaire, affirmer le projet pastoral de l’abbaye, et ouvrir davantage les lieux à ceux qui cherchent silence, ressourcement ou dialogue.
Pour découvrir l’abbaye, des offices ont lieu chaque jour à 7h et 11h (10h30 le dimanche), adoration à 18h, vêpres à 18h30 ; durant les week-ends de juillet et aout des visites guidées sont proposées (rendez-vous à 14h50 devant la porte principale).
Et si, au détour d’un sentier ou dans les rues de Dinant, vous croisez un homme en habit blanc au pas léger, c’est peut-être le nouveau père abbé. Il marche souvent. Comme un pasteur qui avance… dans la paix.
Christine Gosselin
29 août 2024 -> lien vers l’article

A l’abbaye de Leffe, la vie d’une communauté prémontrée
La vie religieuse à l’abbaye de Leffe ne s’est pas interrompue depuis 1152. Des frères prémontrés veillent sur les lieux, y accueillent les pèlerins et exercent une mission de soutien à l’église locale. Yves Thibaut de Maisières a rencontré le père Christophe Monsieur, prieur de la communauté, pour nous expliquer cette vocation particulière Qelques jours après son élection, le père abbé Christophe Monsieur partage ses perspectives pour l’abbaye de Leffe et se livre sur son engagement spirituel.
A deux pas du centre-ville de Dinant, en bord de Meuse, l’abbaye de Leffe rayonne depuis 1152. Si les bâtiments ne datent pas de cette époque, une communauté prémontrée continue de veiller sur ces lieux dont la bière fait la renommée internationale ! Fidèle à sa vocation de vie communautaire et de service à l’église locale, l’hospitalité tient aussi une place prépondérante. Rencontre avec le prieur de la communauté, le père Christophe Monsieur.

« Notre charisme n’est pas la vie contemplative en soi, mais la vie communautaire au service de l’église locale, ce qui peut prendre des formes très variées selon les époques, selon les lieux. »
Les Prémontrés, un ordre à l’histoire foisonnante
L’ordre prémontré a été initié par Saint Norbert de Xanten au 12e siècle. Il devient très vite foisonnant dans nos régions avec la fondation de nombreuses abbayes (Floreffe, Hélécine, abbaye de Bonne-Espérance, Mont-Cornillon…). Qu’est-ce que cet ordre a apporté de chamboulant dans la vie de l’Église et dans la manière de vivre la vie religieuse ?
Au moment de la fondation de l’ordre en 1120, Saint Norbert s’inscrit dans un mouvement de réforme, la réforme grégorienne. Durant cette période, le désir de réformer l’Église était très intense. La conviction de saint Norbert était de réformer le clergé. Pour parvenir à concrétiser ce dessein, il va réunir autour de lui des clercs et des prêtres. Il va leur donner la règle de saint Augustin qui est le premier en Occident à avoir pensé aux réformes du clergé par le passé.
Ce qui est révolutionnaire, c’est que ces religieux sont des clercs au service de l’église locale. Nous sommes des chanoines réguliers et non pas des moines ; les chanoines réguliers sont donc des clercs vivants en communauté, au service d’une église locale. À l’origine, le bienheureux Hugues de Fosses, qui est un peu le législateur de notre ordre – celui qui a mis un peu de structure juridique – s’est inspiré de la charte de charité des cisterciens. Saint Norbert était très lié à Saint Bernard, donc il y a des ressemblances entre les deux ordres. Nous vivons dans une abbaye. Comme les moines, nous vivons dans un monastère, nous avons la même structure communautaire avec un abbé, un prieur, les différentes fonctions, les lieux communautaires sont les mêmes. La différence, c’est que nous ne vivons pas selon la règle de Saint-Benoît, mais celle de Saint-Augustin. Et notre charisme n’est pas la vie contemplative en soi, mais la vie communautaire au service de l’église locale, ce qui peut prendre des formes très variées selon les époques, selon les lieux.
Entre vie communautaire et mission à l’extérieur

En tant que prieur de frères qui ont à la fois une mission à l’extérieur – par exemple une mission de prêtre auxiliaire dans les paroisses de la région – vous êtes un vrai chef d’orchestre parce qu’il faut à la fois gérer une vie communautaire, et gérer des frères qui ont des services en dehors de la communauté.
C’est plutôt l’abbé qui est le chef d’orchestre. Disons que l’abbé donne un peu la vision générale, la vision d’ensemble, le projet d’avenir et le prieur règle plutôt les choses un peu concrètes de la vie et veille à ce que tout se déroule bien tant dans la vie communautaire que dans les services extérieurs. Il y a, dès l’origine de l’ordre, une variété de vocations des prêtres, des laïcs, des hommes et des femmes.
Actuellement, c’est vrai que l’accent est plutôt sur le religieux qui est prêtre, mais nous avons aussi des confrères qui ne sont pas prêtres. Disons que depuis le concile Vatican II, on met plutôt l’accent sur l’aspect augustinien de vie fraternelle, plutôt que sur le caractère ordonné ou non. En 2024, la communauté compte 12 religieux dont 8 vivent ici sur place. Nous avons deux confrères qui sont en mission à Liège, à l’église Saint-Jacques. Nous avons un confrère qui est curé de paroisse et qui réside dans sa paroisse. Et nous avons un confrère âgé et qui a besoin de soins, qui est en maison de repos.
Par exemple, un de nos frères anime régulièrement des spectacles de marionnettes pour faire découvrir la vie des saints.
Quand un candidat souhaite entrer ici dans la communauté, quels sont les points d’attention de la communauté ?
Avant d’entrer dans la communauté, il y a tout un discernement qui permet de vérifier de part et d’autre la capacité pour le candidat de vivre ensemble. C’est un vrai défi. C’est simple mais en même temps c’est un peu difficile parce que les frères ont une variété d’âges, de caractères, de visions différentes de l’Église, de la société, etc. La question que nous allons nous poser est : est-ce que quelqu’un peut entrer et apporter quelque chose qui enrichit la totalité des frères ? L’ensemble de la communauté peut-il aussi s’adapter pour faire une place et accueillir en son sein quelqu’un avec une autre expérience que ce qui est déjà vivant dans l’ensemble.
La vie en communauté et sa réalité
La vie communautaire à l’abbaye de Leffe ne s’est pas interrompue depuis 1152, à l’exception de la période de la Révolution française. Qu’est-ce qui explique à votre avis la pérennité de cette communauté qui a surmonté les vicissitudes ?
Je crois qu’il y a un amour du lieu, un amour de sa propre vocation ; le fait que malgré toutes les difficultés, on vit dans la confiance et l’espérance que ce que nous vivons vaut la peine d’être vécu.
L’eau peut monter, envahir les bâtiments, on peut détruire, on peut reconstruire, on peut faire plein de choses. Mais le cœur vivant de la communauté, c’est la communauté elle-même. Et tant qu’il y a ce feu, – même si parfois c’est un peu le feu sous la cendre -, le feu peut reprendre, peut donner vie et peut se transmettre.

La vie de prière communautaire a beaucoup d’importance. Nous avons chaque matin l’office de lecture et les laudes à 7 heures. Nous avons l’eucharistie et l’office du milieu du jour à 11 heures. Puis, à 18 heures un temps de prière silencieuse et d’adoration eucharistique, suivi des vêpres, à 18 h 30, nous terminons la journée par les complies à 20 h 30. Ça, ce sont les temps de prière liturgique, et puis il y a aussi la prière personnelle où chacun prend le temps de lire la Bible, d’étudier, de méditer, de se nourrir intérieurement, de prendre soin de soi – c’est en prenant soin de soi qu’on prend aussi soin de la communauté et de ceux vers qui nous sommes envoyés.
« Je crois qu’il y a un amour du lieu, un amour de sa propre vocation ; le fait que malgré toutes les difficultés, on vit dans la confiance et l’espérance que ce que nous vivons vaut la peine d’être vécu. »

Le vœu de pauvreté se vit d’une façon particulière chez vous. Est-ce qu’un religieux, une personne qui souhaite entrer dans l’ordre, a des biens qui lui sont propres ? Comment fait-il ?
À partir de la profession simple, donc des premiers vœux, il reste propriétaire de ses biens mais ne les gère pas et à partir de la profession solennelle, il se défait de tous ses biens. Donc on ne garde rien en soi. C’est déjà dans la règle de saint Augustin, c’est très curieux de retrouver cette injonction au début d’une règle. Saint Augustin dit : « vivez tous ensemble, un seul cœur et une seule âme en quête de Dieu, et pour cela mettez tous vos biens en commun, que personne ne dise ceci m’appartient, mais que tout soit à tous. ». Et l’idée tant chez Augustin que chez Norbert, c’est ce qu’on vécut les premiers chrétiens, on mettait tout en commun et chacun recevait selon son besoin.
Comment un frère en difficulté dans sa vocation, dans sa vie de foi, peut-il trouver de l’aide au sein de la communauté ?
La première chose, je pense, c’est d’avoir un peu l’ensemble de la communauté qui est là comme un espace d’empathie et de bienveillance pour permettre à l’autre de vivre la difficulté qu’il peut vivre, donc de se sentir à l’aise et de permettre à la crise de s’exprimer.
Parfois il y a des confrères qui sont plus à l’aise avec un autre confrère. Ce n’est pas nécessairement l’autorité supérieure qui doit intervenir, mais c’est sûr qu’on prend soin. Le supérieur veille au bien-être de ses confrères. L’ensemble de la communauté est là pour porter les frères. Dans certains cas, c’est bien d’avoir une personne extérieure avec d’autres compétences qui peut aider quelqu’un à voir clair dans la crise qu’il vit et dans le discernement qu’il peut faire à ce moment-là.
L’accueil des pèlerins et la vision d’avenir
La dimension de l’hospitalité est-elle chère à votre ordre ? Comment la concrétisez-vous à Leffe ?
Oui, depuis les débuts, c’est une des missions que nous avons, on le vit comme un service, une diaconie. Si par le passé – quand la communauté était plus grande et les paroisses peut-être plus présentes et plus peuplées – nous allions plutôt dans les paroisses, maintenant c’est le mouvement inverse qui se fait, nous restons sur place et les gens viennent chez nous. On a différentes possibilités, vous avez des personnes qui viennent individuellement passer quelques jours pour vivre avec la communauté, pour partager les temps de prière, pour trouver un peu de calme et de repos.
Il y a des groupes de religieux ou de laïcs qui viennent vivre des séjours. Nous nous situons aussi sur la route vers Compostelle, donc nous accueillons quasiment chaque jour des pèlerins.
Quels sont les projets pour l’avenir de la communauté ?
Le premier projet est celui de la communauté elle-même. Comment vivre en communauté quand on devient un plus petit groupe ? Nous n’avons pas d’autocars de postulants qui arrivent toutes les semaines, donc il faut penser à l’avenir. Pour pouvoir vivre et continuer, il faut pouvoir se transformer. On a toute une tradition, l’ordre à fêté ses 900 ans. D’autre part, il faut que la tradition ne soit pas un poids qui nous empêche de nous adapter aux circonstances actuelles – tout en restant fidèle à l’esprit qui nous habite. Construire, créer, édifier, faire vivre la vie communautaire est le principal projet à l’heure actuelle.

Et puis, puisque nous sommes au service de l’église locale, il faut voir comment – avec les possibilités que nous avons – nous pouvons être une présence d’accueil, de service dans l’église locale. Là aussi, ce n’est pas toujours évident. L’église locale se cherche aussi et nous devons trouver un équilibre entre la vie communautaire et le service aux autres.
L’avenir devra nous permettre d’être un lieu source ou un lieu ressource pour beaucoup de personnes. Je pense que c’est dans cette direction-là qu’on va évoluer. L’avenir nous le dira !
17 juillet 2023 -> lien vers l’article

Le frère prémontré qui anime l’âme des marionnettes, Philippe de l’abbaye de Leffe
Rideau ! Notre vie ne tient qu’à un fil. Et pourtant. Le frère Philippe nous raconte ses histoires du bout des doigts et touche le fond de nos âmes. Ses 550 marionnettes font rire et pleurer. Nous les avons rencontrées dans son théâtre de l’abbaye de Leffe en pleine préparation d’un nouveau spectacle. Comment devient-on marionnettiste ? Comment fabriquer une marionnette ? Qu’est-ce qu’un frère prémontré ?
De taxidermiste à marionnettiste
« Mon arrière-arrière grand père était taxidermiste, bref, il empaillait les mammouths ». Le taxidermiste est chargé de rendre l’apparence du vivant à la dépouille d’un animal, en vue de sa conservation ou de son exposition. Son arrière petit fils est devenu marionnettiste. Il donne vie à de truculents personnages et à une kyrielle d’animaux, pour le plaisir des grands et des petits. Plus de 550 personnages et animaux peuplent son théâtre de marionnettes apostoliques. Sa passion a débuté à l’adolescence lorsqu’il bricolait avec du carton, du papier et du bois. La rencontre décisive fut celle du jésuite Pierre Brandicour, de Nancy. Il lui a véritablement inoculé le virus de la marionnette. Le but est de toucher le coeur du spectateur, de créer un phénomène d’enjouement. C’est une façon créative de faire de la catéchèse, de faire passer un message.

Le frère Philippe est frère Prémontré de l’abbaye de Leffe en bord de Meuse. Son ordre religieux a été fondé par saint Norbert en 1120, il y a un peu plus de 9 siècles. Les prémontrés vivent en communauté. Ils ont une double mission : l’apostolat, en tant que clercs, c’est-à-dire l’action auprès des fidèles dans les paroisses, et, comme les moines, l’Office divin. Cette double mission répond à la devise augustine de sainteté et d’apostolat (sanctitatem et clericatum). Ils sont parfois considérés comme des précurseurs des ordres mendiants.
L’art de la marionnette existe dans de nombreuses cultures, dans la plupart des pays du monde. Chacun a son style et sa façon de faire. C’est un formidable moyen de communication, pour faire rire ou pleurer. Les ingrédients pour la réussite d’une pièce sont la véracité, la simplicité technique, et la beauté, ce qui touche les coeurs. Le frère Philippe a déjà monté de nombreuses pièces: les animaux racontent Noël, sainte Thérèse, saint Norbert, saint Charles de Foucauld, les 7 paroles de Marie, les 12 tribus d’Israël, saint Paul ou encore les 4 saisons de Vivaldi.
Sources d’inspiration
Il est très inspiré par soeur Emmanuelle du Caire, morte à quasi 100 ans. Il rit beaucoup en visionnant Rabbi Jacob, son film fétiche. En termes de lecture, il apprécie le livre d’Eloi Leclerc « j’entends battre ton cœur » à propos de la simplicité de s’écouter intérieurement. Lorsqu’on lui demande un lieu de prédilection, il évoque d’emblée le lac du boucher, en Haute-Loire, au-dessus du Puy-en-Velay. Sa citation préférée est de saint Augustin: « aime et fais ce que tu veux ». Il aime aussi la devise des Prémontrés : « Prêt à toute œuvre de bien ». mais pas n’importe quoi.
L’histoire de Julienne
Une vache, un petit chat, un pot de lait, un bout de pain. Voilà quelques ingrédients du nouveau spectacle inédit des marionnettes apostoliques qui vous racontent l’histoire vraie d’une des plus célèbres liégeoises : sainte Julienne du Mont-Cornillon. Tout débute dans la ferme familiale sur les hauteurs de Liège vers 1192 lorsqu’arrive un évènement inattendu.
Le frère Philippe de l’abbaye de Leffe vous emmène dans ce magnifique récit animé par ses marionnettes. Le spectacle, empreint d’aventures, d’enfance, de spiritualité et de poésie, ravira petits et grands !
4 octobre 2017 -> lien vers l’article

L’Abbaye de Leffe lance une fondation pour structurer ses dons
Débordés de demandes d’aide en tout genre, les chanoines de l’Abbaye de Leffe ont décidé d’établir une fondation. Celle-ci gérera désormais l’activité caritative et philanthropique qu’ils développent avec les revenus de la bière.
En s’inspirant du modèle mis au point voici plus de vingt ans par les moines trappistes de Chimay, les chanoines prémontrés de l’Abbaye de Leffe ont créé une fondation. Objectif: mieux structurer les nombreuses activités caritatives et philanthropiques qu’ils financent avec les revenus issus des ventes de bière Leffe.
AB Inbev brasse et exploite la marque depuis que le groupe a racheté la brasserie Lootvoet, qui avait lancé celle-ci en partenariat avec l’abbaye en 1952, et verse à la communauté prémontrée des « royalties » sur cette partie de son vaste business. La nouvelle fondation rend d’ailleurs hommage au père abbé Cyrille qui avait conclu à l’époque le partenariat avec la famille Lootvoet: elle a été baptisée « Cyrys », une contraction de son nom « Cyrille Nys ».
Ces dernières années, les royalties versés par AB InBev à l’Asbl Abbaye de Leffe n’ont cessé de croître, reflétant l’augmentation des ventes de Leffe à l’exportation. Il en va aujourd’hui de plusieurs millions d’euros par an. Dans le même temps, les chanoines ont vu les demandes d’aide ou d’assistance adressées par la population augmenter également.
« Au point que 90% du temps de nos conseils était consacré aux prises de décision sur ces requêtes; nous n’avions quasiment plus de temps à consacrer à notre communauté », souligne Père Benoît qui exerce la fonction d’abbé de Leffe depuis 2013. Il ajoute que sa communauté ne disposait pas non plus des compétences pour vérifier le bien-fondé des demandes d’assistance ou pour assurer un monitoring des aides accordées. Autre conséquence: l’abbaye ne gérait plus aucun projet propre, se contentant d’essayer de répondre à un maximum de demandes.
Ecologie humaine
Pour remédier à cette situation, les chanoines ont décidé de se doter d’un véhicule spécifique, qui sera entièrement dédié à l’analyse des demandes, à l’octroi des aides et au suivi des réalisations. C’est le rôle dévolu à la Fondation Cyrys, mise en place depuis le 1er septembre dernier. Une solution qui évoque celle adoptée de longue date par les moines de Chimay, qui ont établi leur propre fondation pour gérer la redistribution d’une partie des revenus de leur bière à la population de la région.
La communauté de Leffe a saisi l’occasion pour bien redéfinir la stratégie et les cibles. « Nous nous sommes inspirés de l’Encyclique Laudato Si du Pape François », explique Père Benoît: « l’écologie humaine est la voie à suivre, non seulement dans sa dimension environnementale, mais aussi sociale, interpersonnelle et culturelle. » Sept « sphères » d’action ont été retenues: elles vont de la promotion de l’éducation à la préservation de l’environnement en passant par le soutien aux initiatives locales de développement durable.
L’abbaye défendra en priorité, mais pas exclusivement, les projets situés à Dinant et dans les communes environnantes (Anhée, Hastière, Houyet, Onhaye et Yvoir). Elle lancera aussi ses propres initiatives. Pour piloter tout cela, la fondation héritera d’une équipe de quatre gestionnaires, qui auront été choisis pour leurs compétences et leur complémentarité. Les chanoines siégeront au conseil d’administration aux côtés de deux laïcs. « La dimension emploi se retrouve de manière transversale dans nos sept sphères. »
Père Benoît
Les chanoines insistent sur un point: ils ne vont pas se substituer aux associations et ONG à l’oeuvre dans la région, mais collaborer avec elles ou les renforcer. Leurs secteurs d’intervention seront plus diversifiés que ceux couverts par la Fondation Chimay-Wartoise, qui s’est concentrée sur l’emploi et l’éducation, « mais la dimension emploi se retrouve de manière transversale dans nos sept sphères »
, ajoute Père Benoît.
Quant à l’éducation, par le passé l’abbaye de Leffe a abondamment suppléé au manque de fonds chroniques des écoles pour les aider à rénover leurs bâtiments. Au point de se demander d’ailleurs comment font les écoles n’ayant pas d’abbaye dans leur région…
Michel Lauwers

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